voyage aléatoire au détour du Web

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Ashburn, l’œil du web


Ashburn est une ville de Virginie, située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Washington, dans le comté de Loudoun. Elle est voisine d’un grand aéroport (Dulles) à proximité de la capitale Washington. Vers 1800, un propriétaire y possédait la seule plantation existante nommée « Farmwell ». Le nom d’Ashburn apparaît pour la première fois aux alentours de 1870, dans un leg, mentionant le nom d’un ami proche du propriétaire du domaine. Depuis 1990, la population a été multipliée par trente. Située dans le « couloir technologique de Dulles », cette localité a la particularité d’avoir sur son sol la plus grande concentration mondiale de centres de données : les datacenters.

Si le nom de cette petite ville vous est inconnu, vos flux de données y ont forcément transité. Par ce petit point sur la carte, se concentre chaque jour, d’après les estimations, près de 70% du traffic internet international. Ashburn n’est pas devenu un nœud de transit du traffic mondial d’internet par hasard. À partir de 1960, l’agence pour les projets de recherche avancés de défense, dénommée ARPA , est située à Arlingtown, près de Washington. Elle commence à travailler sur le projet Arpanet : le précurseur d’internet. Ce dernier doit relier à travers un réseau maillé le ministère de la Défense aux instituts de recherche. Dès lors, cette région apparaît comme un des nœuds du premier réseau, pierre angulaire d’Internet, qui perdurera officiellement jusqu’en 1990. En 1992, plusieurs fournisseurs de réseaux décident alors de créer en Virginie du Nord, un des premiers nœuds d’inter-connexions, un des centres de transit majeur de l’internet. C’est donc tout naturellement qu’en 1998, l’entreprise American Online, plus connu sous le nom d’AOL, implante son siège social à Loudoun. L’entreprise se fixe à proximité de ce point central du réseau, entrainant avec elle des investissements d’infrastructure au sein du réseau de télécommunication à travers le câble et la fibre, mais aussi sur le réseau énergétique.

Il y a plusieurs facteurs conjugués qui sont à l’origine du développement d’Ashburn :

  • La ville est située à proximité du cœur de la politique américaine, Washington.
  • Le coût de l’énergie y est en moyenne 30% plus avantageux que sur le reste du territoire. On le doit principalement à la rivière Potomac et à ses barrages.
  • La région est stable avec un climat favorable et peu de catastrophes naturelles.
  • De la création des interconnexions résulte un réseau de fibres optiques dense et solide.
  • Les grandes universités de la région contribuent à la formation de cerveaux, le niveau d’étude y est deux fois supérieur au reste du pays.
  • Des avantages fiscaux. L’état de Virginie étant le premier à mettre en place, dès 2009, des exonérations pour les centres de données.
  • De nombreux terrains sont disponibles et des permis simplifiés ont été instaurés.

Ashburn. Vue du ciel des centres de données (Googlemap)

Ashburn se trouve à l’épicentre de la « Data Center Alley », la ville concentre plus de 120 centres de données, 170 pour le district de Loudon sur un confetti de 50 km2 (avec 2 km2 pour les seuls centres) et plus de 300 centres pour l’ensemble du couloir. Parmi les entreprises sur place, on trouve Equinix, le leader mondial des centres de données (couverture 30 pays et près de 250 datacenters), La fondation Wikipédia et ses serveurs primaires, Amazon y a localisé 70% de ses IP, Digital Reality une société spécialisée dans la gestion de centres serveurs, NTT le géant des télécommunications japonais, le service entreprise de l’opérateur américain Verizon, etc.

Contrairement aux bureaux et aux entrepôts, les centres de données nécessitent peu de services. Ce sont de véritables poids lourds pour la dynamique régionale. Pour le seul comté de Loudoun, la recette fiscale avoisine les 600 million de dollars (30% du budget global), de quoi subvenir à l’ensemble de ses dépenses.

L’avenir n’est pas pour autant sans nuages, les datacenters sont gourmands en énergie. Très gourmands. L’état de Virginie ne dispose que de peu de sources d’énergies renouvelables. Le principal fournisseur d’énergie « Dominion » voit fuir 20% de son offre à destination de ses montres énergivores. Le fournisseur se trouve en difficulté.

L’augmentation du trafic et des besoins de stockages croissants, les applications comme le streaming ou l’intelligence artificielle sont autant d’accélérateurs qui entrainent la multiplication des centres de données, mais l’électricien se trouve en difficulté. Avec un triplement de leurs consommations au cours des huit dernières années, et la signature de nouveaux contrats qui vont conduire à un doublement des besoins d’ici à 2028, le fournisseur a dors et déjà annoncé qu’il serait dans l’incapacité de fournir, à l’avenir, de l’énergie pour tous ces nouveaux centres. Ce qui diffère leurs constructions de plusieurs années. Il avait même été question, d’utiliser des générateurs fossiles afin de soulager la pression sur le réseau électrique. Le géant Amazon disposant, en secours ultime, d’une batterie de générateurs diesels, dont la puissance délivrée représente l’équivalent en consommation d’une ville comme New-York, et ce, pendant une journée. Une dérogation avait même été mise en place pour les centres de données leur permettant d’utiliser 4500 de ces générateurs diesel. Une mesure qui sera par la suite amputée puis suspendue au regard de sa position, à l’antipode du combat contre la crise climatique et au grand soulagement des riverains naturellement hostiles à une telle mesure qui menaçait directement la qualité de l’air qu’ils respirent.

L’énergie des acteurs du numérique du plus polluant au plus vertueux (Greenpeace)

Alors que les infrastructures de l’industrie du numérique s’étendent sur des surfaces de plus en plus grandes, elles se trouvent aujourd’hui confrontées à des limites énergétiques. Autrefois, loin des habitations, leurs territoires empiètent désormais sur celui des zones résidentielles. Cette expansion est maintenant à l’origine de plaintes des riverains, principalement à cause du ronronnement permanent des milliers de serveurs qui ne dorment jamais. Les pouvoirs locaux, jusqu’à présent peu enclins à poser des jalons, commencent à légiférer.

Sources : Arrêt sur image, Governing, Business Insider, Radio-Canada, Gizmodo, Greenpeace

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Les câbles sous-marins : un enjeu vital

Quand vous regardez en streaming un concert à l’autre bout de la terre il y a de très fortes chances pour que votre flux de données traverse les océans par un câble de fibre optique.

Le premier à tenter une communication avec un signal lumineux est Alexander Graham Bell avec son photophone capable de transmettre la voix sur une distance de 200 mètres. Si l’invention de la fibre optique remonte aux années 1930 il faut attendre 1950 pour en voir réellement l’application avec son utilisation en endoscopie. C’est l’introduction du laser, à partir de 1960 qui va véritablement révolutionner le champs des communications. Au début les transmissions sont limitées à quelques centimètres, mais à partir de 1970 s’ouvre le champs des longues distances par l’élimination des pertes. C’est à Chicago en 1977 qu’est réalisée la première communication téléphonique optique.

Aussi fine que la taille d’un cheveu la fibre optique utilise la réfraction de la lumière pour transmettre des informations sur des dizaines de milliers de kilomètres. L’un des câbles les plus rapide se nome Amitié, c’est un câble transatlantique dont le débit peut atteindre 400 Térabits par seconde, soit l’équivalent de 400 000 fois votre débit, et encore si vous avez la chance de disposer d’une connexion fibre rapide.

L’utilisation des câbles sous-marins débute en 1850, aujourd’hui bien que le développement des communications satellitaires ne cesse de croître, 99% des communications, que cela soit des données ou de la téléphonie, passent par ces câbles de fibres optiques sous-marins. On en compte pas moins de 552.

Global Internet Map 2018Telegeography

Google, Amazone, Microsoft, ou encore Meta, sont des acteurs incontournables de l’Internet, leurs trafics ne cessent d’augmenter en volumes. On estime que ces sociétés monopolisent à hauteur de 2/3 les liens de transmissions de données et chaque année, ils enregistrent à eux seuls, une progression de 45 à 60% sur les seules fibres sous-marines. Aussi appelés « hyperscalers », ce sont eux qui tirent les volumes vers le haut avec un contenu qui ne cesse de croître. Un câble transatlantique coûte entre 350 et 400 millions de dollars. Au delà des « datas centers », le réseau est l’artère devenue vitale pour les hyperscalers, ils en sont donc naturellement venus à investir dans les câbles sous-marins. Un investissement qui va dépasser les 10 milliards de dollars d’ici 2025.

Carte des liaisons fibres sous-marines

Google est, par exemple, propriétaire de nombreux câbles comme Curie, la colonne vertébrale de l’Amérique du sud et centrale, ou encore Dunant, Equiano, Firmina, ou encore Grace Hopper.

Certains câbles ne font qu’une centaine de kilomètres comme le Adria-1 , un lien entre la Croatie, la Grèce et l’Albanie long de 440 km. Mais d’autres, comme le récent 2Africa, dépassent les 45 000 km.

Mais la technologie a aussi ses limites. Sur la fibre le signal chute après une cinquantaine de kilomètres, il est nécessaire de l’amplifier jusqu’au prochaine répéteur. Ces répéteurs sont gourmands en énergie, en parallèle des câbles de fibres optiques, on trouve donc des câbles électriques en cuivre. Sur une liaison trans-pacifique, 18 000 volts sont requis pour alimenter les répéteurs. D’une façon générale, dans un soucis de sécurité en alimentation, celle-ci est doublée à chaque bout du câble. Un ensemble de procédés permettent une circulation des données sans perte décrite par le théorème de Shannon. Dans cette course au débit, la section du câble augmente elle aussi, avec aujourd’hui 24 paires de fibres optique par câble.

Le câble Transatlantique Marea de Microsoft, Meta et Telxius

Le diamètre d’un câble n’est en général pas plus gros qu’un tuyau d’arrosage. Même s’il est protégé par une gaine en acier, le problème n’est pas si savoir si il sera coupé mais quand. En effet, dans le monde, on dénombre une coupure tout les 3 jours, soit une bonne centaine annuellement. La responsabilité est partagée entre les ancres et les équipements de pêche : dragues, chaluts, … Plus le câble est proche du rivage, plus les risque de coupures sont élevés. A l’échelle planétaire, au total, seul une dizaines de câbles sont indisponibles en simultanés. Ces coupures demandent de se rendre sur zone avec un navire et un équipement ad-hoc. Une quarantaines de câbliers sillonnent les mers du globe. La France en possède neuf. Les délais de réparation oscillent entre une quinzaine de jours à plusieurs mois.

Coupure sur le câble d’Orange Kanawa : 1700 km entre Guyane et Martinique

Ce long réseau de câbles sous-marin se déploie sur plus d’1,5 million de kilomètres, près de 3 fois la distance terre lune, il est aussi stratégique. il n’est ni à l’abris des attaques terroristes ni des catastrophe naturelles. Quotidiennement, ces autoroutes, qui reposent au fond des mers, véhiculent plus de 10 000 milliards de dollars de transactions financières. Même si le maillage est dense et qu’une nouvelle route puisse prendre le relais en cas de coupure, il existe toutefois des points de défaillance uniques. Que ça soit en zone de faibles densités de population, comme le Groenland dont la connexion repose sur un câble unique; ou encore l’île de Taïwan, et ses 27 câbles qui pourraient devenir une cible privilégiée en cas d’attaque de son voisin.


Couper les câbles sous-marins est une pratique ancienne, une première qui remonte à 1898, en pleine guerre hispano-américaine, l’USS Zafiro sectionne en baie de Manille l’unique câble entre les Philippines au continent asiatique. Le privant pour ainsi dire de communication avec le reste du monde.
La Russie, avec des chalutiers ou encore sous couvert de navires scientifiques, cartographie le fond des mers depuis de nombreuses années. En Méditerranée, en Manche, ou en Baltique, les coupures se multiplient. Les grandes puissances se livrent une guerre hybride pour le contrôle des câbles sous-marins.
Les câbles sont si vulnérables qu’un seul homme peut parfois mettre en danger tout un pays. En 2007, au large du Vietnam, un pêcheur à prélevé plus de 50 kilomètres de câbles afin d’en revendre le cuivre, paralysant la moitié du trafic de son pays.

Les enjeux de demain passe par la construction de câbles sous-marins plus résistants, d’une infrastructure plus résiliente. Au delà de la multiplication des liens, c’est probablement l’adjonction d’une couverture satellitaire qui en sera la clef.

Source : The Conversation et Cnet

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Un navigateur pour vous protéger

Duckduckgo débarque enfin sous Windows en version bêta. Le navigateur basé sur chrome met en avant la protection de vos données personnelles.

Au menu du nouveau navigateur du désormais célèbre canard on trouve :
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